En France, peu de logements sont adaptés aux fortes chaleurs. Or, avec la multiplication des vagues de chaleur, ne serait-il pas temps de mieux intégrer la notion de confort d’été au DPE ?
Lors de l’élaboration du Diagnostic de Performance Énergétique, l’accent était initialement mis sur le confort d’hiver. Cependant, avec le dérèglement climatique, les vagues de chaleurs sont de plus en plus fréquents. Il est donc plus que temps d’intégrer la notion de confort d’été dans le DPE. Cependant, a l’heure actuelle, cette mesure est encore largement perfectible.
Le confort d’été, encore trop discrète dans le DPE
Afin d’évaluer le confort thermique d’un logement, on s’appuie sur deux critères. Tout d’abord, le confort d’hiver qui estime la capacité d’une maison à retenir la chaleur. Cependant, avec le confort d’été, on cherche à maintenir une température agréable durant les vagues de canicules.
Le confort d’été est officiellement intégré au DPE depuis sa réforme de 2021. Il y figure toutefois sous la forme d’un indicateur informatif. Celui-ci classe les logements selon trois niveaux : bon, moyen ou insuffisant. Mais ce critère n’influence pas la note finale du DPE.
En conséquence, il reste invisible pour de nombreux acheteurs ou bailleurs. En effet, ce critère ne figure pas dans les critères de valorisation d’un bien. Pourtant, il reflète une réalité de plus en plus pesante dans nos logements.
Un diagnostic partiellement fiable
L’indicateur de confort d’été se base sur cinq éléments :
- la présence de protections solaires extérieures, comme les volets.
- l’isolation de la toiture, essentielle pour les logements sous combles.
- l’inertie thermique du logement.
- Le caractère transversant du logement.
- la présence de brasseurs d’air fixes.
Or, ces critères sont parfois mal renseignés ou sous-estimés. Certains logements mal isolés sont pourtant notés « bon », faute de vérification réelle sur le terrain.
Selon une étude de POUGET Consultants, 26 % des indicateurs de confort d’été DPE seraient donc erronés. Des logements sans protection solaire ou sans isolation de toiture obtiennent un indicateur favorable. Cela remet en question la fiabilité du système.
La formation inégale des diagnostiqueurs et la variabilité des logiciels de calcul renforcent ces limites. L’outil peine donc à refléter fidèlement la réalité thermique des logements en été.
Les limites de l’indicateur de confort d’été du DPE
Une évaluation standardisée, insensible au climat local
Actuellement, l’évaluation du confort d’été se fait de la même manière dans toutes les régions de France. Un logement à Lille est évalué selon les mêmes critères qu’un logement à Marseille. Cette uniformité pose un problème. Elle ignore les spécificités climatiques locales.
Certaines zones froides, comme la Bretagne ou la Normandie, comptent plus de logements jugés « insuffisants » que des régions plus chaudes. Ce paradoxe vient d’une méthodologie déconnectée des réalités territoriales.
Une faible corrélation entre performance énergétique et confort estival
Un bon DPE ne garantit pas un bon confort d’été. Environ 31 % des logements classés A sont jugés « insuffisants » pour leur confort estival. Cela s’explique souvent par l’absence de protections solaires.
Cette irrégularité est illustre par le cas de maisons bien isolées contre le froid, mais exposées plein sud. Or, elles ne disposent pas de volets pour limiter les effets du rayonnement solaire. Ces illustres le besoin d’une approche plus globale du DPE.
Le rôle (minimisé) de la climatisation
Le confort d’été dans le DPE est calculé sans tenir compte des systèmes de climatisation. Cela part d’une logique écologique. Pourtant, cette situation réduit sa pertinence, car elle ne reflète pas fidèlement la réalité thermique ressentie par les occupants.
De nombreux logements climatisés restent classés « moyens » ou « insuffisants » alors qu’on y est moins sensible à la chaleur en été du fait de la présence de climatiseur. Cela souligne l’écart entre usage réel et diagnostic officiel.
Le bâti ancien, un potentiel non reconnu
Les logements anciens ont souvent des murs épais qui leur confèrent une forte inertie thermique. De plus, la hauteur sous plafonds y est importante, ce qui rend l’air plus respirable. Pourtant, ces qualités sont peu prises en compte dans le DPE.
Une revalorisation du bâti ancien permettrait ainsi de mieux récompenser ces caractéristiques naturelles. En effet, elles sont d’une grande efficacité pour lutter contre la chaleur estivale.

Quelles solutions pour une meilleure intégration du confort d’été dans le DPE ?
Il est urgent de renforcer la fiabilité des évaluations. Cela passe par la formation des diagnostiqueurs et la validation des logiciels DPE. Un contrôle des algorithmes permettrait de limiter les erreurs constatées. Cela renforcerait la crédibilité de l’indicateur de confort d’été.
Il faut également mieux tenir compte du contexte géographique et climatique. L’indicateur devrait être adapté à la localisation du logement. Cela passe notamment par l’intégration des zones climatiques, des îles de chaleur urbains ou encore des jours à plus de 25°C serait pertinent. Cela permettrait d’ajuster les recommandations de façon plus nuancée, et d’offrir un diagnostic plus cohérent avec les besoins locaux.
Certaines pratiques devraient aussi être mieux valorisées dans le DPE. Il s’agit par exemple de la présence de volets motorisés, de stores extérieurs, de végétation autour du bâti ou de la ventilation naturelle. La qualité de l’isolation, notamment par l’extérieur, pourrait aussi peser davantage dans l’évaluation.
Enfin, il est crucial d’anticiper les évolutions du climat. Le DPE doit s’adapter aux températures futures. D’après les projections, les journées très chaudes vont se multiplier dans plusieurs départements.
Il faut donc croiser les données du confort d’été avec ces perspectives pendant l’évaluation du DPE. On peut aussi intégrer de nouveaux matériaux ou technologies, comme la ventilation intelligente ou les enduits réfléchissants. Un DPE enrichi du confort d’été devient alors un levier puissant pour guider la rénovation énergétique face au climat de demain.